Trouver un emploi dans sa branche à Toronto : check !

30 septembre 2020

Il y a environ trois semaines, je vous disais que j'avais encore trois processus de recrutement en cours et que j'attendais de voir ce que ceux-là donnaient avant de me résoudre à postuler pour les centres d'appels. Eh bien ça y est ! Je suis heureuse (et soulagée) de pouvoir dire que ça y est, j'ai trouvé du boulot dans ma branche ! Voilà comment ça s'est déroulé. Pour les informations plus concrètes, je ferai une fiche dédiée dans la rubrique Démarches. Quand j'aurai récupéré du temps et du cerveau opérationnel :-)

8 semaines, 38 candidatures, 7 appels, 5 entretiens, une embauche !

Alors, reprenons. Sur mes 38 candidatures, j'avais eu un premier appel téléphonique avec une RH pour cinq postes, j'en avais un sixième de prévu, et une entreprise qui m'avait demandé de le faire par email. Sur les 5 premiers contacts, 100% ont débouché sur un premier entretien "officiel", avec les responsables du poste (je n'ai eu le temps d'en passer que 4). À la suite de ce premier round, deux entreprises m'ont informée qu'elles ne me retenaient pas pour le stade suivant - une très rapidement, l'autre presque 15 jours après l'entretien. Les deux restantes m'ont programmée un deuxième entretien, avec euh... d'autres gens ! La troisième m'a concoté un test écrit : j'avais 48h pour concevoir un projet test. Finalement, j'ai eu une offre très rapidement après avoir passé le deuxième entretien (alors que je m'attendais à un troisième) donc je ne suis pas allée au bout du test écrit.

Pour résumer, ça fait :

  • 38 candidatures via LinkedIn et Glassdoor principalement
  • 9 premiers contacts RH, qui servent à trier (10 en comptant le démarchage la première semaine)
  • 5 entretiens "1er round"
  • 2 suites : un 2ème entretien et un test pratique
  • 1 offre certaine, que j'ai acceptée - je pense que le test pratique aurait débouché sur une offre également

Ce qui est impressionnant (et fatigant), au-delà de cet "effet entonnoir", c'est la longueur de ces processus. Au final je vais commencer deux mois après le premier contact avec la RH, pour une des premières offres auxquelles j'avais répondu. C'était tellement long après le premier entretien que j'ai cru que c'était mort et qu'ils avaient juste oublié de me le dire. J'ai quand même relancé, pour me faire une raison, et j'ai appris que non non, j'étais toujours dans la course. Il faut dire que le poste a été légèrement redéfini pendant le mois d'août donc ça explique un peu le délai mais... Je ne pouvais pas le savoir ! Je pense que ç'a été accentué par la période de l'année (beaucoup de gens partaient en vacances, il fallait attendre leur retour...), mais c'est long. Un appel RH de "screening', un premier entretien, un deuxième entretien, multiplié par 100 candidats, puis 15, puis 5, ça prend du temps. Ce n'est pas forcément une fatalité non plus : la start-up avec qui j'ai passé un des derniers entretiens comptait me donner une réponse dans la semaine.

Le processus complet de recrutement

Candidater

Candidater a été assez facile pour moi. Comme je le disais dans l'article précédent, il y a beaucoup d'offres pour mon job à Toronto, donc je n'ai même pas eu besoin (pas le temps en fait !) de faire des candidatures spontanées. J'ai trouvé 50% des offres sur LinkedIn et 50% sur Glassdoor, je dirais. J'avais mis des alertes email, un peu inutiles vu que je passais ma vie sur ces sites mais Glassdoor fonctionne bizarrement et parfois je recevais des offres par mail que je ne voyais pas dans l'appli alors... J'ai gardé les emails !

Dans 90% des cas, il était possible mais optionnel d'ajouter une lettre de motivation. Je ne suis vraiment pas sûre qu'elles ont été lues, mais j'en ai fait une à chaque fois que j'en ai eu la possibilité. Je crois que même si elles ne sont pas lues, ou lues en diagonale, le fait de faire l'effort de l'écrire vous démarque déjà d'autres candidats. J'avais quatre ou cinq modèles (poste plus technique, plus créatif, plus éducatif, plus gestion de projet...) que j'ai personnalisés à chaque fois. Pareil pour les CV : j'en ai quasiment fait un sur-mesure à chaque fois. Évidemment je ne refaisais pas tout, mais je mettais en haut de liste les compétences recherchées dans la fiche de poste, ou selon le profil de poste je mentionnais telle ou telle certification plutôt qu'une autre. Le plus long dans tout ça, c'est finalement de dépiauter la fiche de poste : qu'est-ce que j'ai/j'ai pas dans les qualifications et l'expérience, qu'est-ce que j'ai déjà fait dans les tâches, qu'est-ce que je sais faire, etc. Ensuite, il faut mettre l'accent sur les points forts identifiés... et se préparer à répondre aux points faibles !

Les points importants pour candidater

Concentrez-vous sur les annonces qui vous correspondent vraiment, car les CV sont bien triés et ça ne sert à rien de passer 1h sur une candidature pour qu'elle soit rejetée directement ; prenez le temps d'analyser la fiche de poste ; adaptez votre CV à chaque offre ; écrivez une lettre de motivation (cover letter) dès que c'est possible ; notez toutes vos candidatures (date, origine, titre du poste, entreprise, salaire, lieu...) histoire de ne pas vous mélanger les pinceaux au bout de quelques semaines.

Le screening RH

Le processus commence par l'entretien téléphonique avec une personne des RH, qui sert de premier tri. Pour les premiers j'ai stressé comme une malade, après ça allait mieux, parce qu'il n'y a pas de piège et que les RH ont plutôt intérêt à vous "aider". Cet appel n'est pas très long (jamais plus d'une demi-heure, en général plutôt dans les 20 minutes) et il sert à prendre la température des deux côtés. On m'a demandé de me décrire, d'expliquer un peu mon CV, de dire pourquoi je souhaitais travailler dans cette entreprise, etc. Pour que ce soit plus spontané et naturel, je me suis un peu entraînée, ne serait-ce que pour l'élocution. Même en parlant bien anglais dans la vie de tous les jours, il y a certains termes que je connaissais parce que j'avais dû les traduire pour les mettre dans mon CV... mais quand il a fallu les prononcer à voix haute... Hum. Faites votre petit "elevator speech", ce petit "discours d'ascenseur" qui vous permet de vous décrire en 30 secondes, 1 minute ou 3 minutes selon les occases, apprenez-le et répétez-le !

Ensuite, même si à ce stade c'est basique, il faut quand même avoir fait l'effort de se renseigner sur l'entreprise, ne serait-ce que pour pouvoir dire pourquoi vous voulez travailler chez eux. À ce stade, pas de question comportementale compliquée : la personne que vous avez au téléphone cherche juste à savoir si vous correspondez bel et bien au profil. Généralement, après vous avoir entendu débiter vos 10 dernières années d'expérience d'une traite et à toute vitesse, on vous reposera des questions plus spécifiques sur tel ou tel aspect de votre CV. Cela peut amener à quelques questions techniques, mais ça reste assez vague et parfois, je pense que la RH notait ma réponse sans la comprendre juste pour pouvoir la donner aux responsables du poste.

Les points importants pour le screening RH

Soyez un minimum renseigné.e sur l'entreprise et sachez dire pourquoi vous voulez travailler chez eux ; soyez capable de décrire rapidement votre parcours, en moins de 3 minutes ; ayez ciblé une fourchette de salaire, parce que c'est là qu'on va vous poser la question. Ne donnez pas un salaire précis, plutôt une tranche. Inspirez-vous si vous le pouvez de ce que vous trouvez sur Glassdoor ou avec LinkedIn premium.

Le premier entretien

Des entretiens entièrement à distance

Autant pour le screening RH, vous pouvez être en pyjama et avoir regardé le site de l'entreprise 30 minutes avant, autant pour le premier entretien, c'est le moment de se réveiller. Covid oblige, il y a de fortes chances que cet entretien se déroule en vidéo - sauf évidemment si vous postulez pour de la vente ou restauration, là ils voudront vous voir en vrai. J'ai eu droit à Zoom, Teams et Skype, merci Microsoft. Moi qui m'inquiétais de quelles chaussures porter pour un entretien, pour le coup, le problème était réglé ! Pour le premier entretien avec l'entreprise qui m'a embauchée, je n'ai eu que celui qui allait devenir mon manager. Pour d'autres, j'ai eu RH et CEO ; RH, responsable de l'équipe et responsable du département ; RH et responsable de l'équipe, soit 75% d'entretiens où la RH que j'avais eu en premier contact était présente. C'était pas mal parce qu'elles avaient noté des choses lors de notre première conversation, qu'elles faisaient ressortir quand elles estimaient que je n'en avais pas assez parlé. Pour ce qui est de la dimension "vidéo" de l'entretien, il faut évidemment faire preuve d'un peu de bon sens (habillez-vous correctement, et pas seulement le haut, essayez d'avoir un bon éclairage et un arrière-plan neutre, assurez-vous de ne pas être dérangé.e, d'avoir une bonne connexion internet, etc.) mais vous trouverez aussi plein de bons conseils sur internet. Personnellement, j'avais imprimé certaines choses, comme la fiche de poste ou mes réponses à certaines questions, histoire de les avoir vraiment sous les yeux sans devoir manipuler l'ordinateur. J'avais mon petit verre d'eau pas loin mais pas trop proche de l'ordi non plus, et j'avais surtout installé les trois applis de webconférence sur mon ordi et sur ma tablette, pour avoir un plan B au cas où j'aurais un problème matériel.

La méthode STAR et les questions comportementales

C'est à ce stade que vous rentrez dans le vif du sujet, à la fois sur le plan technique et sur le plan humain et relationnel. Chacun de mes entretiens a duré entre 45 minutes et 1h à chaque fois. Pour le côté technique, ça ressemble à n'importe quel entretien d'embauche : est-ce que tu as déjà utilisé tel outil ? Comment tu t'y prendrais pour réaliser telle tâche ? Est-ce que tu connais tel logiciel ? Ce genre de trucs, si vous n'avez pas menti sur votre CV, c'est facile d'y répondre. Le plus difficile pour moi, ç'a plutôt été les questions comportementales, qui permettent de cerner qui vous êtes vraiment dans votre environnement de travail. Sachez que la culture d'entreprise est très importante ici, et qu'on va vous embaucher en partie parce qu'on considère que vous vous fondrez dans l'entreprise sans problème. Si c'est une start-up qui vient tout juste de se lancer, il vaudrait mieux que vous soyez branché.e petite équipe, polyvalence et défis à relever. Si c'est une institution financière, la rigueur, le sens de la hiérarchie, sont peut-être plus adaptées. Le truc, c'est que sur le papier c'est très facile de dire qu'on est très très polyvalent.e ou qu'on adore le travail en équipe... mais ici on ne se contente pas de le dire, il faut le prouver en faisant des réponses concrètes. C'est la fameuse méthode STAR : Situation, Task, Action, Result. Magie, c'est la même chose en français : Situation, Tâche, Action, Résultat. Hmm OK, mais encore ?
Quand on vous pose une question du type "Quelle est votre approche du travail en équipe ?", au lieu de répondre "J'adore et je fais ça très bien", vous répondez en racontant une situation que vous avez vécue qui impliquait justement un travail en équipe. Vous décrivez les tâches qui vous avaient été assignées, la façon dont vous les avez menées à bien, et les résultats que vous avez obtenus. Le tout de préférence en une minute, deux minutes maximum. Alors oui, ça demande un chouia plus de préparation !

Notre conseillère SEO nous avait passé les cinquante questions les plus fréquemment posées en entretien. Du coup ben... Je me suis appliquée à écrire des réponses aux cinquante questions et à apprendre les principales quasiment par coeur. C'est du boulot mais ça m'a servi parce que je n'avais pas trop besoin de réfléchir pour répondre, j'avais déjà mes histoires toutes prêtes. Finalement, le coeur de vos réponses importe peu (parce qu'après tout vous pourriez aussi bien être en train de mentir - de façon très détaillée !), l'idée c'est de montrer que vous savez comment ça marche ici et que vous vous êtes préparé.e. Enfin, j'ai écrit "histoires" deux lignes plus haut et ce n'est pas par hasard. Quand vous répondez à une question comportementale, il vous faut raconter une histoire à votre interlocuteur, en utilisant la trame STAR. Pas de temps mort et surtout pas de réponse trop longue : vous ne voulez pas ennuyer votre interlocuteur avec une description interminable du contexte. Pour savoir si "c'est trop long", le meilleur moyen est de vous chronométrer... et de constater les dégâts. Je suis passée de 5 minutes (beaucoup trop long !) à 1 minute à force de m'entraîner. Pour avoir une idée du ton et du vocabulaire à utiliser en anglais, je me suis beaucoup basée sur le site The Balanced Career, où j'ai trouvé énormément de réponses à mes questions. C'est un site US mais leurs articles sont tout à fait valables pour le Canada... pour à peu près tout, des emails aux RH aux réponses aux questions comportementales farfelues.

Pour finir, ce premier entretien est aussi l'occasion pour vous de poser de "vraies" questions précises et techniques sur le poste, puisque vous aurez en face de vous un responsable et non plus juste un.e RH. Essayez de vous projeter dans le job, ça vous aidera à poser des questions pertinentes. Glassdoor a aussi une section "Entretiens", pensez à y jeter un oeil car parfois les anciens candidats donnent des exemples des questions qui leur ont été posées.

Les points importants pour le premier entretien

Avoir testé votre matériel et votre connexion ; avoir préparé vos réponses avec la méthode STAR ; avoir réfléchi à des situations concrètes qui illustrent vos qualités et défauts. N'oubliez pas d'envoyer un mail de remerciement, si possible à l'interviewer, sinon aux RH immédiatement (moins de 24h, idéalement dans les 2h qui suivent).

Le deuxième entretien

Difficile d'en faire une expérience standard puisque je n'en ai passé qu'un seul mais... J'ai eu à nouveau le responsable de l'équipe, avec en plus un responsable d'un autre département avec lequel je serais amenée à travailler si j'étais prise, et une membre de l'équipe. Là, j'ai été contente d'avoir installé Zoom sur mon ordi ET sur ma tablette puisque pour une raison inconnue, mon micro d'ordi ne fonctionnait pas (alors que la première fois s'était très bien passée...). J'ai pu passer sur la tablette immédiatement, donc il y a eu un petit moment de flottement mais vraiment pas très long. Ensuite, c'était très étrange puisque les deux nouvelles personnes n'ont jamais allumé leur caméra. C'est pas toujours facile parce que bon, tout le monde travaille de chez soi en ce moment et peut-être qu'ils n'avaient pas envie de me montrer leur maison mais ça rend le processus difficile. En plus ils n'ont pas dit grand-chose donc j'avais un peu l'impression d'être en face d'un miroir sans tain. Heureusement, la discussion s'est bien déroulée, avec cette fois un accent sur le rôle, l'entreprise, et comment je me projettais dedans. Plus trop de questions comportementales, on avait déjà fait le tour la fois d'avant, mais plutôt des mises en situation (on a tel problème en ce moment, comment tu le résoudrais ?). Ça implique d'avoir bien cerné la culture de l'entreprise, encore une fois, pour ne pas proposer des solutions qui seraient complètement infaisables ou à côté de la plaque.

Les points importants pour le deuxième entretien

Ne pas se dire que c'est dans la poche et ne pas se relâcher. Il peut y avoir un sentiment de connivence qui s'établit avec l'interviewer, parce que c'est la deuxième fois que vous vous voyez mais... C'est vrai, l'objectif est plus proche... mais la marche est plus haute ! Soyez très attentifs à vos nouveaux interlocuteurs. D'une part, peut-être qu'ils ou elles auront le dernier mot sur votre embauche. D'autre part, parce que vous allez là aussi leur envoyer un mail de remerciement, donc si vous voulez personnaliser votre mail, l'idéal est de rebondir sur quelque chose que la personne en particulier a dit pendant l'entretien.

Le test technique

Il est assez habituel ici de proposer un test technique aux candidats, pour beaucoup de métiers. Des développeurs devront concevoir un écran d'accueil pour une app, des administrateurs réseaux devront résoudre une panne, des responsables d'embauche devront donner leur avis sur un candidat fictif, etc. J'y ai été confrontée deux fois. Pour la première, je n'ai même pas eu le temps de m'y mettre puisque j'ai eu le refus avant, mais si j'avais accédé à l'étape suivante, j'aurais dû concevoir (en un temps limité j'imagine) un tutoriel d'utilisation d'un logiciel de mon choix. J'avais commencé à y réfléchir mais comme ils n'ont pas donné suite, je ne l'ai pas fait. Pour la deuxième, on m'a proposé ce test en guise de "deuxième entretien", puisque j'avais déjà rencontré trois personnes pour le premier. Je savais que j'allais devoir concevoir en 48h un projet sur un thème inconnu. Le coup d'envoi était donné à partir du moment où j'ouvrais l'email qui contenait le cahier des charges. Je ne suis pas allée au bout, puisque j'ai reçu et accepté ma première offre pendant ce délai de 48h. Je trouve quand même ça très intéressant et vraiment bien pour les personnes qui ne sont pas forcément au top pour se vendre en entretien. Il faut juste faire attention à ce que ces tests ne soient pas du travail déguisé. J'ai lu aujourd'hui sur le blog de Ferdy le témoignage de cet ingénieur informatique, qui pense clairement qu'une entreprise exploitait les résultats de ces soi-disant tests... sans pour autant embaucher les candidats. De toute façon, je dirais que c'est un risque à prendre, malheureusement, et que quand vous arrivez à ce stade, il ne faut pas passer à côté de l'opportunité.

Recevoir et accepter une offre !

Cette dernière étape paraît simple mais elle a été vraiment chaotique et dure à vivre pour moi. Il faut se dire qu'au moment où la RH m'appelle, ça fait presque deux mois que je cherche, que les entretiens se suivent, mais ne débouchent sur rien et que je suis proche de renoncer à trouver dans ma branche. En fait, au moment où je remarque que j'ai un message sur mon téléphone, je suis littéralement en train de me plaindre à la famille sur Skype en disant que ça n'avance pas haha. Donc quand le message de la RH est "Hi, I've got great news for you", j'y crois même pas. Je me dis que ça veut dire "great news, un troisième entretien !". Mais quand je la rappelle, elle me confirme que si si, c'est plutôt great : ils me font une offre. Le salaire est un peu plus bas que prévu, parce que le poste a été un peu remanié (il reste quand même le plus haut de tous ceux que j'ai vus) mais je m'en fous, au stade où je suis j'accepterais n'importe quoi. Du coup, j'accepte, je dis "ouais, super !" au téléphone et j'écoute à moitié ce qu'elle me dit à propos de draft contract, de Monday et de two days, parce que je suis trop émotionnée par la great news. Aussi, elle parle très vite cette dame ! Du coup, quand on raccroche, ce que j'ai compris c'est qu'elle va m'envoyer une ébauche de contrat et que j'ai deux jours pour répondre, et comme elle a dit Monday, je déduis qu'elle va me l'envoyer aujourd'hui (on est jeudi) et que je dois répondre lundi maximum. Je pars bénévoler au marché sur un nuage, je dis à tout le monde que ça y est j'ai du boulot, et puis j'attends le mail.

À ce moment, je suis encore en course sur deux offres pour lesquelles j'ai passé un premier entretien, dont une qui vient de me demander de passer le test écrit. J'ai aussi deux entretiens téléphoniques prévus. Je ne leur dis rien, parce que j'ai pas encore l'offre écrite. Et puis le vendredi passe, et pas d'offre écrite. Le lundi matin, j'attaque le test écrit mais je suis complètement parano à l'intérieur : et s'ils avaient changé d'avis ? Et si je ne recevais jamais de proposition officielle ? J'envoie un mail pseudo innocent* pour savoir s'ils ont besoin de plus d'infos pour faire le contrat. Je mets le paquet sur le test et je passe un entretien téléphonique. La RH me propose un entretien vidéo dès le lendemain, j'accepte. Je raccroche et là, paf, j'ai le contrat dans ma boîte mail. C'est un soulagement intense, mais maintenant il va falloir que je dise non aux autres. Je prends quand même un peu de temps pour réfléchir, et j'appelle notre chère conseillère SÉO. Je suis à peu près comme ça :

* Tu parles, le mail doit suer l'angoisse à plein nez !

Justine est super contente que j'ai des problèmes de riche, mais elle me donne quand même quelques indications pour faire mon choix. Donc, si vous êtes un.e petit.e veinard.e avec plusieurs offres, vous avez plusieurs critères pour prendre une décision.

  1. Le plus évident (pour moi) : l'intérêt que vous portez à ce job. Pour moi, c'était pareil. Des missions semblables mais deux univers très différents, les deux inconnus donc deux opportunités d'apprendre... Un en milieu anglophone, un en milieu francophone, donc des intérêts différents mais de l'intérêt dans les deux. OK, critère suivant !
  2. Le salaire évidemment, dans une ville aussi chère que Toronto, ça compte. Les premiers à me faire une offre étaient aussi ceux qui me proposaient le plus haut salaire de tous les jobs que j'avais vu. D'après la conseillère SÉO, les seconds m'auraient fait à peu près la même mais... eh, ils ne l'ont pas faite !
  3. D'où un troisième critère : prendre ce qui est sûr. On vous fait peut-être miroiter mieux ailleurs, mais tant que vous n'avez pas une offre écrite sur la table, prudence maximale.
  4. Le salaire n'est pas le seul critère monétaire pour choisir. Pour rappel, la Sécurité Sociale ici prend pas mal de choses en charge, mais pas le dentaire, ni l'optique, ni l'achat de médicaments. C'est votre mutuelle privée, très souvent associée au boulot (comme en France) qui va prendre ça en charge... ou pas. C'est ce qu'on appelle les Benefits. Et c'est très important. L'offre que j'ai acceptée est excellente de ce point de vue : la mutuelle est payée à 100% par l'employeur (même en France ce n'est pas le cas) et elle couvre beaucoup de choses, y compris chiropracteur et ostéopathe. Oh et j'ai pu ajouter Mathieu, qui n'a pas de Benefits avec son job de barman. Si vous avez deux offres, regardez bien les Benefits et autres avantages* et pas seulement le salaire.
  5. Toujours dans les considérations matérielles, le lieu de travail. Ici, dans les 2 cas c'est... la maison. Et on sait pas jusqu'à quand, surtout avec la deuxième vague qui arrive. Donc sur le papier, la première offre est loin dans l'ouest, vers l'aéroport, à l'opposée de là où on vit et ça me donnerait 1h de transport minimum, aller-retour. La deuxième est en plein centre-ville. Si on était en situation normale, la deuxième aurait l'avantage mais là de toute façon le trajet ce sera lit-salle-de-bains-cafetière-bureau, alors...
  6. Dernier critère, mis en avant par Justine : la différence anglo/franco n'est pas qu'une question de langue, c'est aussi une question de culture. D'après son expérience personnelle, les entreprises francophones sont plus proches de ce qu'on connait en France en termes de culture professionnelle, alors que les entreprises anglophones sont vraiment dans un fonctionnement "américain". C'est pas pour dire que l'un est mieux que l'autre, juste que... ça dépend de ce qu'on cherche. Si c'est la nouveauté, peut-être qu'il vaut mieux aller vers une entreprise anglo, si c'est retrouver des repères et une forme de communauté, vers du franco.
* Par exemple, j'ai 10% sur les chaussures de sécurité dans une boutique de Calgary, c'est pas génial ça ?! Bon, d'accord...

Au final, j'ai choisi la première. D'une part parce que c'était une offre solide (passé le moment de panique du week-end ^.^) mais surtout parce que pour un premier poste au Canada, j'ai vraiment envie d'expérimenter quelque chose de nouveau en termes de méthodes de travail, de culture... et puis je pense que là, je vais vraiment bosser l'anglais !* Ceci étant dit, l'autre entreprise avait aussi un projet vraiment intéressant et mon poste actuel est un contrat d'un an. Donc euh... on en reparle dans 12 mois !

* Après trois jours, ça se confirme. Mon cerveau est en bouillie par contre.

Un point sur le réseautage

On dit toujours que les offres publiées en ligne ne représentent que "la pointe de l'iceberg", environ 20% du marché réel de l'emploi, et donc qu'il faut réseauter un max pour que "les offres viennent à vous". C'est certainement vrai (je pense qu'au moins 20 ou 30% des offres auxquelles j'ai postulées étaient prévues pour quelqu'un en interne), mais en ces temps de covid*, le réseautage, c'est pas évident. Jetez un oeil sur les groupes LinkedIn ou même Facebook qui sont en rapport avec votre activité. Vous pouvez chercher des gens qui font le même métier que vous sur LinkedIn et les ajouter pour échanger avec eux. Personnellement cette perspective me terrifie et j'ai dû le faire deux fois, sans finalement oser contacter les personnes, mais si vous n'avez pas de problème avec ça, foncez. Les sites type Eventbrite ou MeetUp, qui organisaient des événéments communs, sont à surveiller aussi même si peu actifs en ce moment, forcément. N'hésitez pas à vous appuyer sur les réseaux francophones/immigrants. Entre nouveaux arrivants, on s'entraide ! Ça ne veut pas dire qu'on va vous offrir un job direct, mais vous aurez toujours des pistes et des conseils.

* Non, je ne lui mettrai pas de majuscule, c'est pas mérité ! Là !

Conclusion (à cet article extrêmement long)

J'ai trouvé un emploi plutôt bien payé, dans ma branche, en environ deux mois de recherche. J'ai eu de la chance, surtout en cette période de pandémie, même les Canadiens me le disent. Il faut dire que mon boulot consistant précisément à concevoir des formations à distance, le contexte est plus favorable que défavorable. Je parle bien anglais et j'ai un bon CV. Mais ça, c'est le cas de beaucoup de gens ! Du coup, je dirais que ce qui a payé pour moi, c'est la préparation. Je peaufine mon CV canadien depuis presque un an et je l'ai fait relire par la SÉO. J'ai fait l'effort d'adapter ce CV à chaque offre, soit 39 CV différents ou presque. J'ai fait l'effort d'écrire une lettre de motivation à chaque fois que c'était possible, sans savoir si elle allait être lue. Je l'ai corrigée à chaque fois dans Grammarly, un super outil (même en version gratuite). Je me suis entraînée à la méthode STAR, j'ai appris mes réponses par coeur, je me suis projetée un max dans la fiche de poste, j'ai même fait des formations en ligne spécifiquement pour répondre à certaines offres. Bref, je me suis arrachée comme jamais en France pour être honnête ^.^ Et même avec ça, j'ai failli "abandonner" et postuler sur des jobs alimentaires.

Tout ça pour dire que même en bossant dur, c'est loin d'être acquis. Et encore, j'ai aussi eu la chance d'avoir pu mettre de côté avant de venir au Canada ET que Mathieu ait accepté, lui, de prendre un job alimentaire dès le départ, pour que je puisse me consacrer entièrement à la recherche d'emploi. Bref, gardez espoir, ne baissez pas les bras ! Et si vous n'avez absolument aucune réponse, voici deux pistes à explorer. Premièrement, votre CV n'est pas correctement rédigé ou formaté. Dans ce cas, n'hésitez pas à faire appel à des gens dont c'est le métier. Je parle souvent de la SÉO, car les différentes personnes à qui on a eu affaire ont toujours été au top, en terme d'esprit déjà, et en termes de conseils aussi. Ceci dit, si ça ne vous dit rien, il existe d'autres organismes d'accueil des nouveaux arrivants, certains francophones et d'autres non. Deuxièmement, votre absence d'expérience canadienne pose souci dans votre branche. Et là, il n'y a pas 36 solutions : prenez un job d'entrée de gamme, déjà pour faire rentrer quelques dollars, et prouver que vous savez vous adapter à votre nouvelle culture. Au bout de quelques semaines ou mois, votre CV sera à nouveau attirant pour les employeurs ! COURAGE !