Road trip Ontario : partie 1 - Killarney

Août 2021

Pour nos premières vacances sans lockdown depuis qu'on est arrivé au Canada (quand même hein...), on a posé deux semaines et préparé un itinéraire comme on les aime, avec beaucoup de kilomètres et beaucoup d'étapes :-) Le but ? Découvrir un maximum d'endroits entre Toronto et Thunder Bay, enfin voir le Lac Supérieur qu'on nous a beaucoup décrit comme la perle de l'Ontario, camper vraiment - et pas juste comme un moyen d'hébergement après une étape moto, faire du paddle et faire des randos. Notre première étape est le parc provincial de Killarney. On voulait camper sur place mais le camping était complet, on s'est donc rabattus sur Point Grondine Park. C'est un parc opéré par la Première Nation du Territoire non-cédé de Wiikwemkoong. Normalement, le parc est plutôt fait pour partir en randonnée ou en canoë et camper loin dans le parc, mais nous on voulait juste profiter d'un emplacement très proche de Killarney. Du coup, on opte pour le spot le moins éloigné de la route, qui n'est pas vraiment un spot de backcountry mais qui se trouve quand même à 1,2 km du parking*.

* Cet élément aura son importance plus tard dans l'histoire !

Samedi (jour 1)

Toronto - Point Grondine Park
4h15 – 385 km

C'est le jour J ! On a prévu de récupérer la voiture à 10h, de charger et de partir quand on sera prêts, puisqu'on n'a que 4h de route et rien d'autre de prévu pour la journée. On met pas mal plus de temps que prévu à se préparer et organiser les sacs donc on part un peu plus tard mais c'est pas grave, c'est les vacances. La route est aussi bien chargée (on est samedi), on se prend beaucoup de flotte entre Brantford et Barrie, on n’avance pas lourd. Une fois qu'on oblique vers l'ouest après Barrie, la route vers la Baie Géorgienne devient vraiment plus jolie et le soleil sort son nez. On pense même à acheter du bois pour le feu en route, ce qui, nous connaissant, est un petit exploit intellectuel.

Arrivée un peu tardive donc, vers 19h et piqûres de moustiques immédiates ! On se change vite, pantalon et manches longues + spray (celui sans DEET... erreur.). On se répartit ce qu’on doit embarquer (tente + matelas + sacs de couchage + la bouffe dont on a besoin + le bois dont on a besoin + les chaises pliantes parce qu’on sait pas ce qui nous attend) et en route pour le gros kilomètres qui nous sépare du site de camping.
Sur place, on trouve deux estrades en bois, des tables de pique-nique, des bancs et un espace aménagé pour le feu, nickel. On monte la tente sur une des estrades, on gonfle le matelas hyper vite (viva Décathlon) et c’est parti pour le feu ! Au menu, nachos (= reste de tortilla chips + restes de fromage) et burritos. On se régale mais on est quand même un peu beaucoup assaillis de moustiques. On a apporté les chaises pour rien vu qu’il y a des bancs et on se rend compte que notre spray sans DEET ne va sûrement pas être suffisant. Du coup on se tape 1,2 km dans un sens puis dans l’autre pour rapporter les chaises (ça fera ça de moins quand on démontera) et aller chercher l’autre spray, celui au DEET. La nuit tombe, les moustiques sont en mode douzième vague : direction la tente et extinction des feux vers 22h !

Notre tente fièrement posée sur son estrade
burritos et nachos sur le feu pour le repas

Dimanche (jour 2)

Killarney Provincial Park

Le ciel est gris quand on se réveille et les prévisions météo ne sont pas très réjouissantes : pluie et orage. Par contre, il fait sacrément chaud ! Les moustiques sont déjà bien là, on s’habille rapido et on se met en route vers la voiture, où notre réchaud nous attend. Petit café, gruau instantané et en route pour le parc de Killarney, à 15 km. On paye le parc et on achète enfin nos clochettes à ours, qui étaient en rupture de stock partout à Toronto. Pleins de confiance, on entame avec un petit sentier, le Granite Ridge, au sud. Il y a deux points de vue sur la baie… bien dans la brume ! Mais bon, ça nous a échauffés, on est en jambes pour la vraie rando !

On avait prévu de faire The Crack, LA rando ultra-connue de Killarney, qui offre des points de vue sur tout le parc depuis le haut des falaises. Seulement, avec ce temps couvert pour ne pas dire brumeux, on se demande si ça vaut le coup de se casser les pattes dès le premier jour pour ne rien voir du tout. On se rabat sur un sentier qui est censé nous faire passer devant 4 petits lacs. On se dit qu’au moins on verra peut-être des animaux et d’ailleurs on choisit de faire un bout de la boucle du Cranberry Bog (4 km), qui fait le tour des marais. Ça nous rallonge un peu mais eh, l’autre rando c’est que 6 km aller-retour, 12 km c’est rien, on peut bien en rajouter 3 ! Non ?

La vue sur les marais

On voit de fiers hérons, plein de petites grenouilles rigolotes et des barrages de castors (mais pas de castor), on escalade des rochers qui glissent, on sue beaucoup parce qu’il a beau faire gris, il fait chaud, bref on s’amuse bien. Au moment de rejoindre le chemin plus long, on croise un ado et un adulte, qui nous disent qu’ils ont fait tout le trail de 78 km, La Cloche Silhouette ! Impressionnant ! Et d'ailleurs, ils ont l’air épuisés et on se dit que clairement, ça, c'est pas pour nous et ça ne le sera jamais héhé ! Nous on marche tranquillement, au début les panoramas sont beaux et puis très vite on plonge dans la forêt et on ne voit plus grand-chose à part de jolis arbres. On se tâte à faire demi-tour à un certain point et puis on se dit, "allez, on va jusqu’au bout, le lac final doit être beau" ! Il l’est. Il l’est… mais pas au point de justifier les pieds qui chauffent, les sacs qui frottent et les mollets qui tirent. Eh oui, on n’est pas des grands randonneurs et pour notre premier jour, on est déjà à 18 km, et pas en terrain facile ! On repart donc dans l’autre sens en commençant à traîner des pieds sévère… Enfin, moi je traîne des pieds, Mathieu applique sa technique favorite quand il est fatigué : bomber comme un malade pour que ce soit fini plus vite. On a comme qui dirait une petite divergence d’opinion sur le sujet mais bon, cahin-caha, on arrive enfin à l’intersection où on avait vu nos deux randonneurs. Elle est marquée par un joyeux panneau qui dit "Campground – 600 m", donc on peut légitimement se dire qu'on y est presque. Que nenni mes amis, que nenni ! Les 600 mètres en question sont constitués d’une falaise* à monter puis redescendre. Ouch. On est quand même récompensés par un plouf dans le lac, qui fait beaucoup de bien !

* J’exagère à peine. J’imagine pas les deux kikis hyper chargés se taper ces derniers fuckin’ 600 mètres de l’enfer après 78 kilomètres et sept jours de rando !

Un joli point de vue, bien qu'un peu pluvieux
Une autre vue des marais

La météo annonce de l’orage mais le ciel s’est fait plus clair, on fait donc un saut au village de Killarney pour acheter un truc à faire griller et on rentre au camping. Toujours autant de mosquitos mais cette fois-ci on a notre spray DEET, ça se passe pas si mal, on faire cuire nos ribs et nos patates à la cendre, on se régale et ça fait du bien après les 23 km du jour. La seule chose inquiétante, c’est cet orage annoncé entre minuit et 5h du matin (rien que ça). On se dit qu’un orage, ça peut aussi bien changer de direction et/ou être très local donc ne pas nous toucher du tout et on se couche en se disant que si ça se rapproche, on ira dans la voiture attendre que ça passe. Pas super réjouissant mais bon, l’orage en tente, c’est dangereux.

Dodo 22h, à 23h, les premiers grondements retentissent. Mathieu ronfle joyeusement – épuisé par son approche kamikaze des derniers kilomètres – mais moi, ces grondements me tarabustent. L’orage est commencé mais il n’y a pas encore de pluie, je me demande si on n’a pas une petite fenêtre pour faire nos 1200 mètres jusqu’à la voiture sans être en panique. Quelqu’un n’est pas de cet avis et se rendort illico. 23h40, un éclair illumine la tente (pourtant, c’est une Fresh & Black !), immédiatement suivi d’un putain de grondement qui fait trembler l’estrade où notre tente est posée. On connaît la technique, diviser le nombre de secondes entre lumière et son par 3 pour avoir la distance en kilomètres. Bah « instantané divisé par 3 », ça fait pas lourd quand t’es dans une tente au milieu de la forêt sans réseau ! Je suis pas une flippette des orages, je les apprécie même en général, mais là c’est vraiment TROP PRÈS ! On s’habille en quatrième vitesse pendant qu’une pluie torrentielle se joint au concert. Merveilleux. On bat sans doute le record du 1200 mètres-boue (une discipline que je viens d’inventer) alors que les ruisseaux qui entourent le sentier se transforment en torrents et que la forêt s’illumine à intervalles réguliers. Merveilleux (bis). Dans la voiture, on est en sécurité mais ces bâtards de moustiques ont profité de la panique pour rentrer aussi ! S’ensuit une séance frénétique de claquements de main, jusqu’à ce qu’ils soient tous écrasés sur le tableau de bord. Il est minuit, c’est son et lumière dehors, on est trempés jusqu’aux os et y’a des moustiques écrasés partout. Merveilleux (ter).

On essaye de dormir un peu, sans y parvenir, on se raconte des histoires… 2h du matin, l’orage est toujours bien là. 2h30, on se dit « tiens, au parc on captait, on pourrait conduire jusque là-bas pour voir sur le radar si l’orage est passé ». C’est pas comme si on avait autre chose à faire alors on tente. C’est bien entendu le moment où la pluie se remet à tomber comme jamais. M’enfin, garés au bord de la route, on capte assez pour voir que l’orage est quasi passé et qu’on devrait bientôt pouvoir retourner dans notre tente, si toutefois elle est encore là. Retour au parking à 20 km/h, on ne voit pas la route tellement il pleut, c’est génial. 3H15, on a trouvé la flasque de whisky qui était dans la portière alors on boit un coup. Pourquoi pas ?! 4h, les grondements se sont vraiment beaucoup éloignés, alors on refait notre 1.2 km dans le chemin qui est maintenant une sorte de rivière. La tente est encore là, on s’écroule et on s’endort enfin. Rideau.

Nos tronches dans la voiture à 1h du matin
les mêmes tronches vers 3h du matin, je me suis cachée sous mon duvet
1h du matin... Puis 3h du matin (oui j'ai capitulé et je suis la forme à droite sous le duvet. Ne me jugez pas.)

Lundi (jour 3)

Point Grondine - Lake Lauzon
2h25 - 225 km

Le réveil en ce lundi matin est loin d’être chantant. Heureusement qu’on a notre super tente, l’obscurité nous a permis de dormir jusqu’à 9h. On remercie aussi bien fort l’estrade en bois, quand on voit les rivières qui se sont formées dessous. Le plancher a un peu séché, ce qui nous permet de replier le matelas et la tente à peu près au sec et de nous barrer de cet endroit maudit ! On se fait même pas de café, on monte dans la voiture et on s’enfuit. Killarney et Point Grondine sont des très beaux endroits, mais entre les moustiques, le temps gris, la pluie et l’orage, on n’en a vraiment pas du tout profité. Il faudra donc qu’on revienne… si on l’ose !

Le chemin détrempé le lendemain matin
L'état du chemin le lendemain...

Direction Sudbury, pour un énorme petit déj qui nous retape un peu. Je vous épargne les photos de nos tronches de déterrés, c'est pas joli-joli ! Que faire ensuite ? Le temps est toujours à l’orage et vu qu’on a dormi tard, il est déjà midi quand on sort en titubant du breakfast. Du coup, on décide de rallier tranquillement notre prochaine étape, Blind River, en faisant des stops de feignants si on voit des endroits jolis. C’est comme ça qu’on se retrouve au Parc Provincial des Chutes, à Massey. On se promène, on admire les chutes et on se dit que ça a l’air bien tranquille tout ça et que ça pourrait valoir le coup de revenir un jour !

Vue depuis les chutes d'eau : la rivière et la plage en contrebas

On arrive au Lake Lauzon Resort, qui nous a été recommandé par Marianne, et où nous attend notre petit bunkie, une jolie cabine rouge amarrée à un ponton ! C’est mignon comme tout, l’eau du lac est bonne et on en profite, on va se chercher une paire de bières et une salade (oui, une salade !) et on se poooose enfin. On sort la guitare, on boit nos bières tranquilles sur le ponton… ça y est, c’est les vacances ! Les moustiques et l’orage arrivent en même temps à la nuit tombante mais de toute façon on est éclaté donc on ne fait pas d’histoires et on va se coucher !

Une petite cabine rouge amarrée à un ponton sur un lac