Road trip Ontario : partie 3 - parc provincial du Lac Supérieur

Août 2021

Théoriquement, cette journée du jeudi, on aurait profité du nord du parc, la partie la plus proche de là où on dort, puisqu’on aurait fait la partie sud la veille. Vous suivez ? Nous non, parce qu’à cause de l’orage on n’a pas vraiment pu faire ce qu’on voulait. Du coup, on reprend la route qu’on a faite la veille en sens inverse, direction : Agawa Bay, Sinclair Cove et les fameux pictogrammes par lesquels on veut commencer.

La route Transcanadienne qui plonge dans une forêt de sapins

Jeudi (jour 6)

Agawa Bay et lac Mijinemungshing
1h et 85 km de Wawa au sud du parc

En français-de-France, on les appellerait sûrement des peintures rupestres. Les Ojibwe qui peuplent le site depuis plus de 7000 ans nomment cet endroit Mazinaubikiniguning, qui signifie « le rocher orné sur le lac à Agawa ». Ce sont effectivement des peintures rouges, qui se détachent clairement de la falaise en granit blanc. Les peintures datent probablement du XVIIème ou XVIIIème siècle et auraient été faites pour commémorer une expédition guerrière. C’est un des sites archéologiques autochtones les plus visités en Amérique du Nord, on est donc très contents de pouvoir y aller. Et en plus, on a les paddles avec nous donc on peut se mettre à l’eau et admirer les peintures que ces vulgaires piétons ne peuvent pas voir ! Eh oui mais… voilà à quoi ressemble le plan d’eau à Sinclair Cove ce matin.

Le lac Supérieur bien agité avec des vaguelettes et un ciel gris

Nous voilà donc... de vulgaires piétons ! Le sentier est en pente raide donc faites gaffe si c’est mouillé mais à part ça, c’est assez court et on est vite au pied de la falaise. Mais là encore, les conditions météo font que les rochers sont ultra humides et ventés et que la partie qui permet de vraiment voir les peintures est inaccessible. Déception du public. Le site est quand même bien beau et honnêtement, c’est aussi intéressant de le voir dans ces conditions, avec du vent et des vagues, on comprend mieux comment il peut y avoir autant de naufrages.

Avant les chutes, l'eau est calme et bleue, entourée d'arbres
L'eau tourbillonne dans les chutes de Pinguisibi

Après avoir vu-pas vu les pictogrammes, on se rabat sur – encore – une mini-rando, celle de Pinguisibi (Ojibwe pour « rivière de sable fin ». C’est un aller-retour de 6 km qui passe le long de la rivière et de 4 chutes d’eau, plus ou moins grande. Si seules les chutes vous intéressent, vous aurez fait le tour de la question au bout d’1 km, mais vous pouvez continuer le long de la rivière jusqu’à un endroit plus large et plus calme qui fera un excellente pause avant de repartir dans l’autre sens. Il y a peu de places sur le parking, mais ça tourne donc s’il n’y a pas de place, attendez un peu et quelqu’un finira bien par partir. Beaucoup ne font pas les 6 km et s’arrêtent aux premières chutes pour patauger, pique-niquer ou pêcher.

Chutes d'eau
La rivière Pinguisibi serpente entre les rochers et les sapins

Premier plateau des chutes d'eau

Pour finir la journée, on aimerait bien ramer un peu sur l’eau, mais vu le vent et les vagues sur le lac Supérieur, on décide de tenter un lac intérieur, le lac Mijinemungshing (« où le huard se nourrit »*). 7 km de gravel road plus tard (c’est là où on est content que Budget nous ait filé un petit 4x4 au lieu de la berline initialement prévue), nous voilà au lac. C’est venté et clapoteux mais tant pis, on n’est pas venu jusqu’ici pour trier les lentilles alors on gonfle les paddles sous l’œil intrigué de deux kayakistes de Burlington et c’est parti mon kiki !

* Si vous vous demandez si je parle couramment Ojibwe pour traduire tout ça, la réponse est malheureusement non. En revanche, j'ai beaucoup utilisé ce site de traducation Anglais-Ojibwe :-)

Vue du lac Mijinemungshing
Vue du lac depuis le ponton, planche de paddle bleue et tongs au premier plan

Ce lac est vraiment hyper beau, l’image d’Épinal du Canada, et loin de la foule (faut se les taper, les 7 km à 25 km/h dans un sens puis dans l’autre). Du fait de l’heure et du vent, on a fait une balade assez courte de 2h environ, mais ça donne vraiment très envie de revenir avec des SUP de rando ou un canoë et de partir en exploration pour deux jours. Il y a plein de sites de camping backcountry accessibles uniquement en naviguant, pour quand on sera de vrais campeurs aguerris (et qu'on saura exactement quoi faire avec nos poubelles pour ne pas attirer les ours).

Retour à Wawa, on avait prévu de manger une salade pour éviter de rentrer obèse mais je me suis baignée, j’ai froid, j’ai besoin de me reconstituer donc… direction le North of 17, encore ! Avec service en français, s’il vous plaît ! C’est comme ça que, curieux, on découvre que 20 % de la population de Wawa est francophone, comme c’est en fait souvent le cas dans le nord de l’Ontario. Et les Franco-Ontariens ont un accent très différent de l'accent québecois. C'est funky mais on se comprend, et ça fait plaisir de retrouver un peu de français même si loin de chez nous. On rentre à l'appart juste à temps pour voir les Argonauts de Toronto se faire écraser par Winnipeg dans le premier match de Canadian Football League (CFL) de la saison... et au lit !