Voyage exploratoire : en route vers Québec !

Avril 2019

En route vers Québec

C'est d'assez bonne heure que nous quittons Montréal. Aucun bouchon en partant, on est assez étonné mais tant mieux car nous avons devant nous quelques heures de route... et une pause importante. Avant de partir, j'ai longuement cherché des sites ou des musées tournés vers l'histoire des Premières Nations. L'idée était de trouver un endroit qui ne serait pas un parc d'attraction folklorique... mais qui soit sur notre route, ou alors pas trop loin. Nous avons hésité avec le site traditionnel Huron situé à l'Ouest de Québec, Wendake, mais niveau timing, ça cadrait moyennement. Ô surprise, ô joie, il se trouve qu'il y a un tout petit musée sur la route entre Montréal et Québec, sur la rive droite du Saint-Laurent. C'est le musée des Abénakis, dans la petite ville d'Odanak. Ce n'est pas "the place to be", contrairement à Wendake, il n'y a pas de restaurant, de méga-boutique ni d'événement spécial, mais les avis sont bons et puis... c'est sur la route on te dit ! Alors direction Odanak. On traverse la Beauce, qui comme son homologue française est considérée comme le grenier du Québec. En termes de paysages, ça se traduit par... pas grand-chose, du très plat et des silos. Clairement pas la plus belle partie de notre road-trip, et puis on est en pleine période d'inondations (à 24h près, on se retrouvait coincés à Trois-Rivières d'ailleurs), et si les oiseaux sont ravis, les paysages s'en ressentent.

On s'achète 2 gros sandwiches, qu'on dépiaute consiencieusement dans la voiture, garés devant le musée, on brosse nos miettes et c'est parti. On est royalement accueilli par un jeune guide très sympathique, et pour cause : nous sommes absolument seuls dans le musée ! On découvre une jolie exposition permanente sur le peuple Abénakis, son histoire et son savoir. Il y a un peu de tout, de l'audiovisuel - de qualité - des maquettes, des objets ethnologiques, et malgré la petite taille du lieu, tout ça est très bien agencé. On fait une petite pause à l'issue de tout ça pour discuter avec notre guide. Puis, nous enchaînons sur la visite de l'exposition temporaire, sur les Indiens d'Hollywood. Cette expo est absolument passionnante ! Elle démonte le mythe du Peau-Rouge que le cinéma des années 20 à 60 a largement contribué à ancrer dans la culture collective. Très bien construite là aussi, avec des extraits de films, des objets publicitaires, et une dernière partie centrée sur les "Peaux-Rouges" d'aujourd'hui, les peuples des Premières Nations dans toute leur diversité. Vraiment super... mais elle n'est plus à l'affiche en ce moment, mais sans doute que l'actuelle est très bien aussi ! Par ailleurs, le musée a récemment ajouté une exposition extérieure avec une reproduction d'habitation traditionnelle, ainsi que trois expositions virtuelles dont vous pouvez profiter où que vous soyez. Voilà pour notre petite pause tranquille sur la route de Québec !

Québec

Le temps se gâte au fur et à mesure qu'on remonte vers le nord. On traverse le fleuve à Trois-Rivières, mais on ne verra pas grand-chose de la rive gauche car la nuit tombe vite. On arrive chez Manon, qui nous accueille chaleureusement. Nous avons droit à un petit nid en sous-sol, super beau et où on a l'impression d'être un peu "chez nous". Après la chambre anonyme à Toronto, le B&B russe à Ottawa et chez Sylvie où c'était chouette, mais familial avec tout ce que ça implique de proximité, on est plutôt heureux de retrouver une ambiance cosy... et une vraie salle de bains juste pour nous. Une énoooorme pizza, un beau pichet de bière ("1L ? Mais vous allez jamais boire tout ça !" Oh, ma chère serveuse, si tu savais...) et zou au lit. On fait de la route, du road-trip en veux-tu en voilà, mais le soir on fait pas les malins.

Le lendemain matin, temps maussade toujours, mais on décide de marcher jusqu'à la ville de Québec (histoire d'éliminer la pizza... et tout le reste). Il y a une piste cyclable qui permet de relier le quartier de Limoilou au Vieux Québec, de l'autre côté de la rivière Saint-Charles, donc nous voilà partis pour une découverte de Québec sous la pluie. Franchement, c'est très joli, et j'imagine que ça doit mettre une bonne partie des Nord-Américains sur le flanc par son côté "ville historique - pavés partout - murs en vraie pierre" mais pour des maudits Français ben... C'est Saint-Malo... En plus froid !*

Ouais des pavés quoi

* Oui, c'est de la pure mauvaise foi. Saint-Malo n'a PAS de Château Frontenac, ni de basilique, ni de funiculaire ni de terrasses avec une vue de folie sur un des plus grands fleuves du monde. Je sais tout ça. Y'a pas non plus de piste de luge, maintenant que j'y pense... Par contre, question port, y'a de quoi faire, et quant au quartier Petit Champlain, je vous signale qu'on a un resto qui s'appelle la Mère Champlain à Cancale. Là.

On se réchauffe quand même carrément en montant la colline. On va comme il se doit admirer le château Frontenac et la vue sur le fleuve depuis la terrasse Dufferin... en essayant de pas se casser la margoulette, vu que là haut le plancher en bois est carrément gelé. C'est joli mais malheureusement pas mal embrumé. On longe la falaise sur la Promenade des Gouverneurs pour redescendre sur les plaines d'Abraham, haut lieu de la bataille du même nom entre les Britanniques et les Français assiégés. Les Français vaincus abandonneront la "Nouvelle-France" un an après. Il y a un musée, mais on commence à marquer le coup niveau dépenses... et overdose de trucs à voir et à faire. On y renonce et on continue à se promener tranquillement dans le coeur de ville.

Les brumes de Québec

Les brumes de Québec

C'est pas tout ça, mais pour se réchauffer il faut... manger. Direction le Bureau de Poste, un drôle de bar-resto où tous les plats sont à... 5 $CAD ! En 2020, ils sont passés à 5,95. On y savoure engloutit notre première poutine du séjour ! On vadrouille dans Québec, on remonte la grosse rue commerciale, le boulevard Charest, et puis on se dit qu'il est temps d'aller réchauffer nos petons "chez nous", enfin, chez Manon. On fera une dernière pause tout à fait inattendue à l'OmerCafe, un café félin ! On voulait juste boire un truc chaud et on se retrouve à faire des gratouilles à d'énormes chats angoras en écoutant du jazz, ce sont les heureux hasards de la vie :)

Nous voilà de retour dans notre chambre. Il est 15h, on a marché, on a mangé, on a caressé les chats... il fait toujours un temps bien vilain... Que faire ? On décide d'aller voir la Chute Montmorency, il paraît que même sous la pluie c'est joli. Et puis on est du bon côté du fleuve alors en avant !

La Chute-Montmorency

Sur la route, petit conflit entre notre guide Vert et le GPS, qui n'indiquent pas la chute à la même adresse. Un détail ? Peut-être, mais qui aura son importance. Pour trancher, on décide de s'en remettre à la signalisation et de suivre les panneaux "Chute-Montmorency - Parking". Plutôt malin non ? On ne paye pas le parking, apparemment hors saison les barrières sont relevées. C'est une victoire ! On se gare et on arrive en bas du téléphérique qui va nous emmener au sommet de la chute. On la voit de loin en bas, c'est assez impressionnant mais ce qu'on veut, nous, c'est voir ça d'en haut. Alors va pour le téléphérique, même s'il coûte 15 $CAD par personne* et même si on avait dit qu'on dépensait plus de sous aujourd'hui. Bon et en plus y'a pas la queue, seulement une dizaine de touristes coréens. Deuxième victoire, qu'on se dit. On embarque, on monte, bon on ne voit pas grand-chose parce que les vitres sont plutôt sales, mais c'est sympa, et on arrive en haut.

Les brumes de Québec

Et en haut, qu'est-ce qu'on voit ? Ben tiens. Un parking. Des rues. Où on aurait pu se garer. Monter en voiture. Pour 0,05 $CAD d'essence, environ. Celui-là même que le GPS indiquait, en fait... Heureusement qu'on a eu deux victoires avant, sinon on se serait senti... non non, on s'est senti stupide. Donc, si vous voulez voir la chute hors-saison, ne vous embêtez pas avec le téléphérique (sauf si vous adorez ça / que vous avez 15 dollars à perdre donner aux services des parcs du Québec), montez directement en voiture et garez-vous dans le rectangle vert sur cette merveilleuse image ci-dessous (et pas dans le rectangle rouge).

nepaspayerpourrien.com

* "Ce que vous devez voir à tout prix" dit le site, fort à propos !

Bon sinon, les commentaires ne mentaient pas. Même par un temps très gris, la chute est impressionnante et la balade sympathique. On peut l'observer depuis "le Belvédère de la Baronne", hmouii tout à fait, et bien sûr depuis la passerelle. Vous trouverez d'un côté du pont le manoir Montmorency et de l'autre un parc, lieu d'une bataille - encore - entre Français et Britanniques. Il y a également un escalier panoramique que nous n'avons pas pu prendre car il était rendu glissant par le verglas, mais qui avait l'air de rapprocher vraiment de la chute, donc ça doit être chouette... Quand il ne fait pas 0°C. C'est vraiment à faire si vous passez à Québec et que vous êtes de ce côté-ci du fleuve. Pour plus d'info sur la Chute Montmorency et son merveilleux téléphérique <3 c'est ici.

Après la chute, on a fait un petit tour sur l'île d'Orléans, juste en face, mais pour des questions de lisibilité, je dis zut à la chronologie et j'en parle après dans la partie consacrée à l'île. Filons directement à un épisode capital de notre voyage : faire des courses ! Eh oui, faire les courses. Car ce voyage est tout autant un repérage qu'un voyage de noces, et qu'on a aussi dans l'idée de regarder les prix des courses alimentaires, les produits qu'on trouve, ceux qu'on ne trouve pas, tout ça. En bref, se projeter dans une vie quotidienne canadienne, et pour le moment en s'est gavé de restos mais on n'a pas vraiment attaqué cette partie. Direction donc une grande surface, avec dans l'idée de profiter de la cuisine de Manon pour se faire un plat qu'on se fait souvent à la maison quand on est fatigués de la vie : des linguine, du jambon italien et de l'emmental râpé. On n'est pas sur coquillettes-jambon mais pas loin. Linguine : OK. Jambon sec... OK. Râpé... Râpé ? Râpé, échec. Les seuls fromages râpés sont de type Gran Padamo ou cheddar, et surtout ils coûtent une blinde. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour nous, ça veut dire beaucoup, ça veut dire que le petit truc qu'on met sur les pâtes (3 repas sur 7 dans une semaine minimum je pense) n'est pas trop dispo ici. Arrrrrrh ! C'est aussi ça l'expatriation, c'est renoncer à certaines de ses habitudes et en fabriquer de nouvelles. En attendant, on achète une espèce de gruyère en priant pour qu'il y ait une râpe à fromage chez Manon.

Hourra, victoire, Alleluia, tout ce que vous voulez ! Il y avait une râpe à fromage ! On mange tranquillement et on est en train de finir notre bouteille de Sainte-Pétronille (cf. plus bas, ça c'est du teasing dis donc !) quand Manon rentre. On l'invite à boire un verre avec nous et c'est là qu'elle nous sort la magie... le beurre d'érable. C'est du sirop d'érable, mais baratté comme du beurre. Ç'a commencé comme ça : "oh, tu sais je suis pas très sucre moi hein" et ça s'est fini... à la cuillère à même le pot. Bon. Ça achève de nous convaincre qu'il faut retourner sur l'île d'Orléans le lendemain, puisque Mathieu a repéré une érablière qui a l'air bien sympathique. On finit les verres en papotant et hop ! Au lit dans notre basement tout cosy.

L'île d'Orléans

On revient un petit peu en arrière. Après notre aventure en téléphérique (...), on redescend, il nous reste environ 1h de jour, on se dit que ce serait dommage de rentrer direct alors qu'on est pile en face de l'île d'Orléans. On passe le pont et on tombe sur ça :

Des vignes ? Sous la neige ?

En bons bordelais, on est estomaqués de voir une vigne recouverte de neige. Ni une ni deux, on s'arrête* et on tombe sur un monsieur fort aimable, qui nous offre une belle dégustation. On apprend que la neige, loin de geler les vignes, les protège du froid en formant une sorte de couche protectrice et en empêchant la chaleur de la terre de s'échapper. D'ailleurs, bien avant que les maudits français importent des vignes du Vieux Continent, il y avait de la vigne sauvage qui poussait sur l'île. Les variétés locales reviennent un peu à la mode, grâce au travail de certains agronomes, mais en attendant, ce qui marche le mieux, ce sont les classiques merlot-cabernet. Un jour peut-être, les vins vraiment québecois se révèleront !

Dégustation !

En attendant, on se régale, tellement qu'on repart avec une paire de bouteilles du rouge, dont une qu'on tombe le soir même. Pour en savoir plus sur les vignobles Sainte-Pétronille : http://vs-p.ca/, et je vous promets qu'on a payé nos bouteilles ;-)

* Absolument rien à voir avec le panneau "Dégustation - ouvert". Vraiment.

Vignobles Sainte-Pétronille

Le lendemain, donc, on reprend la même route, on repasse le pont, mais au lieu de nous diriger vers le sud de l'île comme on l'avait fait la veille pour profiter de la vue sur Québec, direction le nord, vers l'érablière Boily. C'est un détour, parce qu'on doit ensuite repartir au sud pour retraverser le fleuve et continuer rive droite, mais bon... Le beurre d'érable impose sa loi. On roule donc sur une quinzaine de kilomètres, on arrive là où est censé être l'érablière.

Erablière Boily

Il y a un vieux camion, une vieille Ford, de la neige partout et apparemment pas âme qui vive. Au moment où on commence vraiment à se demander ce qu'on fout là, et à penser qu'à un moment trois bergers allemands vont se ruer sur nous en bavant... Un monsieur sort la tête, nous dit qu'il nous a vu et que madame met son manteau et qu'elle arrive. Et en effet, quelques minutes plus tard, madame et son manteau se présentent, et c'est parti pour la visite ! C'est très intéressant (vraiment !) et surtout, on est tous seuls au milieu de rien et l'érablière est une petite cahute avec le strict minimum. Quand je pense qu'on a failli s'arrêter à un truc qui avait l'air bien, mais hyper, hyper, hyper touristique (avec repas québecois, reels, rigodons et cars de touristes par dizaines), on n'est pas mécontent d'être là bien peinards avec la guide pour nous tous seuls, dans la silence et la quiétude de cette matinée enneigée.

Erablière Boily

Bref, si vous passez par là en pleine saison des sucres, venez sur l'île d'Orléans, montez vers le nord (c'est facile y'a qu'une seule route), ne vous laissez pas leurrer par les panneaux au bord de la route qui promettent monts et merveilles et arrêtez-vous là où il n'y a rien (-:

C'est la bouche pleine de sucre qu'on reprend la route. L'île d'Orléans est certainement magnifique en été, avec tous les vergers qu'elle abrite, mais en hiver, faut reconnaître que c'est surtout beaucoup de neige, et qu'on n'aurait pas eu grand-chose d'autre à y faire que 1/ boire du vin et 2/ manger du beurre d'érable. Maintenant, en route pour Matane, notre prochaine étape. La route 132, rive droite, est réputée pour ses villages : Saint-Michel de Bellechasse, Saint-Jean-Port-Joli, Kamouraska, tout ça est censé être très joli, donc on prendra la nationale et pas l'autoroute. Mais ça, ce sera pour le prochain épisode !