Voyage exploratoire : Montréal !

Avril 2019

Premier soir : le Plateau

Nous arrivons en fin de journée à Montréal, tous étourdis d’être de retour en francophonie, et de (re)faire connaissance avec des panneaux routiers où il n’est pas marqué "STOP" mais "ARRÊT". Nous logeons en plein dans le quartier du Plateau, quartier francophone (voire français) par excellence, chez une logeuse AirB&B du nom de Sylvie, et ses deux chats. Ambiance familiale dans cette jolie petite maison : si vous cherchez un AirB&B qui ressemble à un hôtel, passez votre chemin. Si vous souhaitez vous sentir accueilli.e.s, c’est ici :-)

Affaires déposées, on a fait connaissance, il est temps de se poser la question de ce qu’on mange – c’est qu’il est déjà 18h30 ! Monsieur avait une envie de sushis (pour rester dans une mouvance asiatique), il a donc simplement cherché le meilleur des restaus japonais dans cette partie de Montréal. Le hasard fait bien les choses, ce meilleur restaurant est littéralement à deux rues de chez nous ! Ça s’appelle Le Saint, et c’est effectivement une tuerie ! Des compositions inventives, qui changent du trio classique maki sushi california, un serveur très sympathique et une ambiance carrément plus West Coast que Tokyo*, moi ça me parle ! D’ailleurs il y a un maki "Tupac" (OK, East Coast donc). Mais même si vous n’êtes pas branché.e.s hip-hop, vous trouverez des makis Beatles, Michael Jackson, Madonna, James Brown, Marvin gaye et Bob Marley. Oui. Attention en revanche, c’est pas très grand donc arrivez tôt. La carte "Soir" commence à 14h30, vous trouverez bien un créneau !

Saint Sushi

* de mémoire, ils ont passé du Cypress Hill et du Wu-Tang, ce qui n’est déjà pas tellement habituel au resto, encore moins asiatique, encore moins japonais.

Comme on a mangé tôt, on fait un petit tour au magasin de la Société des Alcools du Québec, la SAQ. C’est un élément essentiel de notre repérage en vue d’une immigration : est-ce qu’il y a du bon vin ? Et pour nous, bon vin = Bordeaux. Oui c’est comme ça, on ne se défait jamais complètement des réflexes acquis dans sa jeunesse ! Ça peut paraître contraignant de devoir acheter son alcool dans une boutique spécialisée, pour nous Français, qui sommes habitués à tout trouver au même endroit. Pour autant, dans une boutique SAQ, les vendeurs s’y connaissent et sont de bon conseil, le choix des vins (et bières d’ailleurs) est intéressant et varié, donc il faut plus le voir comme l’occasion de faire des découvertes régulièrement, que comme une contrainte. Pour ce soir, on est un peu fatigué et c’est totalement sobres qu’on rentre se coucher… assez vite rejoints par le gros chat Batman !

Façades

Matinée : Mont-Royal et centre-ville

Le lendemain, grand soleil sur Montréal ! Notre journée commence par un arrêt Tim Hortons, mais on évite de reprendre 12 beignets ce coup-ci, pour ne pas perdre trop de temps. C’est parti pour l’ascension du Mont-Royal, qui donne son nom à la ville. Comme il fait beau, il y a du monde et il faut zigzaguer entre les enfants, les vieux, les chiens et les joggeurs, mais la balade est sympa, et la vue sur la ville et le fleuve à l’arrivée, très jolie… Une fois qu’on a réussi à passer entre les perches à selfie :-D Et on n’est qu’en avril ! Quand on est monté il faut… redescendre, direction le centre-ville, et la célèbre rue Sainte-Catherine. On crapahute entre les gratte-ciels et les bâtisses XVIIIème, un peu au hasard et en prenant plein de photos. Nous sommes tous les deux déjà venus à Montréal, donc nous n’avons pas la sensation de découverte, mais il faut avouer qu’après Toronto, Montréal nous paraît en-dessous dans l’animation et le multiculturalisme notamment. Repas rapido dans un diner mi-italien mi-grec ( ?!) et vu qu’il fait toujours aussi beau nous décidons de tenter une expérience inédite : toper des vélos en libre-service !

En haut du Mont-Royal

Montréal centre

Après-midi : à vélo le long du canal de Lachine

Trouver les vélos : facile. Payer pour les récupérer : facile. Trouver où aller avec : difficulté médium, on opte pour un grand axe qui nous emmène sur l’île Sainte-Hélène, où se trouve la biosphère (fermée, notre logeuse nous l’a dit) et le parc Jean Drapeau. Commencer à pédaler, en se suivant, en décidant par où passer et en évitant les travaux, les bus et les autres vélos : difficulté moyenne à haute. Se rendre compte que le trajet soigneusement élaboré nous fait en fait emprunter un pont autoroutier : game over ! Changement de direction, on longe les quais sur une piste cyclable (beaucoup plus facile !) jusqu’au vieux port, puis le canal de Lachine. Il y a là une sorte de circuit d’interprétation, avec des photos du canal quand il était encore actif, et des explications sur le passé maritime de Montréal, qui est encore une des portes d’entrées du commerce maritime et fluvial des Amériques. Tout va bien, jusqu’au moment où la piste rétrécit, rétrécit, change de sens puis… disparaît !

Canal de Lachine

Nous voilà obligés de retourner dans les rues, les vraies, celles avec les voitures et les piétons fous, à se suivre en hurlant, la tête à moitié tournée vers celui qui suit : « JE CROIS QU’APRES C’EST VERS LA GAUCHE ‼ ». Au bout d’un moment, on rend les armes – et les vélos. On se sera quand même bien amusé sur les pistes cyclables, mais c’est vrai que faire du vélo à deux dans une ville inconnue et qui semble être en travaux partout… Pas évident ! Si l’envie vous prend de pédaler dans Montréal, choisissez bien l’endroit où vous allez retirer votre vélo, et repérez peut-être des itinéraires qui sont faits pour avant, histoire de ne pas trop galérer en ville.

Croisé dans le centre-ville

Expérience inédite !

C’est l’heure d’une nouvelle expérience inédite ! Enfin non, c’est l’heure du goûter, et puis après c’est l’heure d’une expérience inédite ! Comme vous le savez peut-être, le Canada a légalisé la vente et l’usage du cannabis récréatif. Moi qui n’ai (enfin, avais) jamais fumé un joint de ma vie, pour plein de raisons différentes, je me dis « pourquoi pas ». Comme on dort encore à Montréal ce soir-là, donc qu’on ne conduit pas avant le lendemain midi, on se dit que c’est l’occasion, parce que l’idée d’acheter des joints comme on achète une bouteille de vin ou une baguette nous fait un drôle d’effet, et parce que pour moi, le fait que ce soit légal me décoince complètement. Le système fonctionne comme pour la vente d’alcool : des magasins spécialisés, avec des vendeurs-conseillers. On choisit le plus proche de nous, en plein quartier commercial.

Nous voilà donc devant le magasin SDQC (Société du Québec du Cannabis) de la rue Sainte-Catherine, à faire la queue avec… apparemment, plein de Français ! L’attente n’est pas longue, un des deux agents de sécurité à l’entrée nous demande simplement nos pièces d’identité pour prouver qu’on est majeurs. Une fois à l’intérieur, ceux qui savent ce qu’ils veulent sont invités à passer commande directement, les autres – dont nous – peuvent parler à des conseillers, et lire de grands panneaux informatifs en attendant. Notre conseillère est très aimable, elle nous demande quel type de sensation on souhaite ressentir (détente ? Euphorie ? Sommeil ?), si on fume souvent, quelle quantité on veut, et sous quelle forme (capsules à ingérer, joints pré-roulés, herbe…). Grâce à ces conseils avisés, on ressort de là 15 minutes plus tard avec nos trois joints de Sativa, en ricanant comme des ados débiles. On se trouve un petit parc tranquille, plein d’écureuils gris et on allume ça. Sensation très bizarre de fumer un beau joint conique(on ne peut clairement pas le confondre avec une cigarette) devant plein de gens, « à découvert », et sans que ce soit un problème ! Bon pour ce qui est du goût et des effets, c’est un peu une déception pour moi (je ne sais pas à quoi je m’attendais, en même temps) mais le frisson de la transgression et de l’étrangeté, le tout sans danger, c’est rigolo ! Donc sachez-le, au Canada, si vous êtes majeurs, vous pouvez acheter sans vous poser de question. Vous ne pouvez pas avoir plus de 30 grammes sur vous, vous ne pouvez évidemment pas conduire sous l’effet du cannabis, et il y a certaines catégories de bâtiments et d’espaces publics où vous ne pouvez pas fumer (les écoles, là encore c’est évident, mais aussi les banques et administrations publiques, je crois qu’on ne peut pas non plus fumer dans son véhicule), mais sinon… C’est libre ! Et c’est donc très perturbant pour nous Français !

Graff sur un Plateau

Notre passage à Montréal est presque terminé. Nous décidons de nous faire un resto dans lequel on peut apporter son propre vin, pratique très canadienne. Un nouveau passage à la SAQ et nous voilà attablés dans un resto italien, à 2 pas de notre logement. Moi qui avait l’impression que le joint ne m’avait pas fait grand-chose (le coup classique de la première tentative j’imagine), j’ai une fringale terrible et je ne garde pas grand souvenir du repas, à part qu’on a mangé comme des chancres… mais en même temps on fait toujours ça, donc je ne suis pas sûre du lien de cause à effet ^.^ Encore un dodo avec Batman, et c’est déjà le matin du départ. Nous allons traverser les plaines de la Beauce, le grenier de la Belle Province, pour nous rendre à Québec !