Voyage exploratoire

Avril 2019

Nous avons décidé de faire de notre voyage de noces (un an après le mariage !) notre voyage exploratoire au Canada. Pour l’Ontario, ce type de voyage n’est pas obligatoire, il l’est par contre pour le Nouveau-Brunswick si on souhaite être parrainé par la province.

Nous avons a priori suffisamment de points pour ne pas avoir besoin d’une désignation mais nous avons retenu l’idée du voyage exploratoire. Du tourisme (quand même !) mais aussi une tentative de mieux comprendre « comment ça marche », comment vivent les gens au quotidien dans les différentes provinces. Nous avions prévu d’y retrouver une copine de fac (pas vue depuis 10 ans !) et de rencontrer des conseillers en intégration des immigrés francophones, rencontre détaillée dans cet article. Notre itinéraire prévoit une arrivée à Toronto et quelques jours sur place, puis un départ vers l’Est, pour rallier le Nouveau-Brunswick en faisant les touristes à Montréal et Québec. Et puis comme on est des andouilles, on a décidé en cours de route de « faire » la Gaspésie en une journée, et aussi de descendre jusqu’à Boston…

Nous savions que le mois d’avril n’était pas la meilleure période de l’année* mais d’une part, on n’avait pas trop le choix rapport à nos boulots respectifs et aux tarifs de billets d’avion (qui s’envolent à partir de mai), et puis on se disait aussi que si ça nous plaisait à la pire période de l’année, ça nous plairait toute l’année ! La seule condition était qu’on puisse se déplacer en voiture, donc on a attendu le dégel pour partir.
Nous voilà donc levés à 3h un vendredi matin, dans l’avion à 6h30, petite escale molle et endormie à Amsterdam, et atterrissage à Toronto Pearson International à 11h30 du matin, heure locale !

* En fait, c’est même carrément la pire d’après 90% des gens que nous avons rencontrés, qui étaient tous désolés pour nous !

Toronto

Vendredi

2 jours entiers et deux demi-journées. Même pas quatre jours et ça nous aura suffi à tomber amoureux de Toronto !
Légèrement surexcités à l’arrivée, la pluie qui se met à tomber dès qu’on quitte l’aéroport a vite fait de nous doucher. Trimballer les valises sous la flotte, trouver le bus, comprendre la tarification (acheter un pass 2 jours qu’on n’utilisera pas du tout, par exemple) et voir défiler Dundas Street au travers de vitres sales… Wah ! On se concentre pour se dire « hey, c’est la fatigue qui parle, OK ?! ». Vers 14h30, nous voilà arrivés à notre hébergement, un AirBnB juste à côté de Kensington Market, en plein Chinatown. L’ouverture du logement se fait par code, on ne croisera personne en 4 jours, pas terrible pour découvrir le quotidien des habitants, mais très très bien quand on ne peut plus construire une phrase correcte à cause de la fatigue ! Petite douche et on repart immédiatement sans céder à l’appel de la sieste. Faut dire qu’on a un objectif pressant : aller manger des dumplings !

une photo des dumplings!

C’est chose faite. Ça va mieux, et puis il pleut moins, c’est un petit crachin qui tombe maintenant… Allons faire un tour ! On part un peu au hasard, en cercle autour de notre QG. Chinatown est sympa, on passe devant la Galerie d’Art de l’Ontario (AGO). Pour moi, depuis toute petite, pluie = musée ! Mais c’est quand même pas donné, et puis on se dit qu’avec la fatigue on n’en profitera pas. On se promène encore un peu, puis retour « chez nous »… et on s’autorise 1h30 de sieste. Faut dire qu’à ce moment-là, on est debout depuis 21h, ça commence à bien faire ! Au réveil, frais comme des gardons (c’est faux), on décide de fêter dignement notre arrivée en allant se coller quelques pintes ! Et pour ce faire, on a trouvé un petit bar à bières dont le nom collait bien à notre état : Thirsty & Miserable ! Une bière, deux bières… un burger et une troisième bi… Ah non, celle-là le serveur a décidé de nous la flanquer sur le pantalon. Un burger et une troisième bière-bis, dans un truc à 2 pas du logement, dont on ne vous donnera pas l’adresse parce que c’était pas foufou, et hop ! Au lit pour de bon ! On a rendez-vous le lendemain pour le brunch avec ma copine Coralie, qui vit à Toronto depuis un peu plus d’un an. Lights out !

Samedi

rue de Toronto

Réveil tranquille vers 8-9h, pas de yeux grands ouverts à 3h du mat’, impeccable. Et il fait hyper beau, yes ! On se lève tranquillement et en route à pied (sans utiliser notre pass bus) vers Frankie’s Diner, sur Queen Street. On passe par le parc de Trinity-Bellwoods qui est blindé de monde, les gens ont vraiment l’air heureux de voir du soleil ! On retrouve Coralie et on prend notre premier petit déj canadien.

Bilan du brunch ? 1/ A ce rythme-là, on sera obèses en rentrant. 2/ Apparemment on peut trouver un petit boulot rapidement. Du genre payé 25-30 000 par an, ce qui est juste quand tu es tout.e seul.e, vu les loyers en ville mais carrément OK quand t’es deux à rentrer la même chose. 3/ Ce qui se dit partout sur les forums, blogs et sites, semble exact : à 17h tout le monde est barré du boulot, sauf les frenchies consciencieux. 4/ La vie est cool à Toronto :-) Tellement que Coralie, qui était venue en PVT, est comme nous en train de monter son dossier Entrée Express pour devenir résidente permanente !

On sort de là le ventre plein, et le cerveau à 100 à l’heure, super motivés. Tant qu’il fait beau on décide de marcher, et sur les conseils de Coralie, on remonte Queen Street, puis on rejoint Dundas St., qu’on a remontée en bus la veille. Eh bien, à pied et sous le soleil, ça n’a plus rien à voir ! Il y a de la vie partout, on n’arrête pas de croiser des endroits chouettes et des gens qui sourient… Magique !

vue de Dundas St

vue de Roncesvalle St

On prend Roncesvalle pour redescendre vers le lac, toujours à pied, et on tombe même la veste tellement il fait beau. Faut dire qu’on marche d’un bon pas, car on a un autre rendez-vous d’importance : le match des Toronto Marlies, les « petits frères » des Maples Leafs !

On voulait absolument voir du hockey au Canada, mais les places de NHL sont vraiment très (trop) chères. Sur les bons conseils des zinternettes, on a donc opté pour les Marlies, qui jouent l’American Hockey League, une ligue « junior » qui sert d’antichambre à la cour des grands qu’est la NHL. Des places rink side, au deuxième rang donc, pour 40$ par tête, c’est génial ! On longe donc le lac depuis Ronsvale jusqu’au Coca-Cola Coliseum (oui oui…). Les gradins ne sont pas pleins, ce ne sont pas encore les play-offs qui déchaînent les passions, mais on passe un bon moment, entrecoupé de sursauts quand les types viennent s’écraser contre la paroi, avant de repartir aussi sec.

Les Marlies ont perdu… Pour se consoler, on repart, toujours à pied et toujours sous le soleil, pour remonter King Street. Un peu à court d’inspiration, on regarde Maps et une étrange étiquette nous intrigue : « Graffiti Alley ». C’est pas très loin… On y va ! Bonne idée, et très grosse claque visuelle ! On aurait pu y rester des heures tellement il y a de graff, et tellement ils sont beaux.

Graffiti Alley

Graffity Alley

Mais l’heure tourne, et nos estomacs nous rappellent que nous n’avons pas cédé aux sirènes des hot-dogs ni avant, ni pendant, ni après le match ! On dîne rapido chez Chipotle, une chaîne de fast-food type mexicain, et on repart pour notre 3ème (3ème ? Peut-être plus) claque de la journée : le Cherry Cola’s, un bar indiqué par une connaissance éloignée, dont on nous a dit qu’ils organisaient des concerts. Après une première partie euh… étrange, super concert de Ginger St. James, dans un style très rockab’, suivi d’un groupe de « rock à guitares », pas mal aussi. Sur le coup de minuit, et après avoir marché 25 km dans la journée… On se rentre se mettre au lit ‼ Pour un sommeil réparateur… Ou pas.

Ginger St James band

Dimanche

Ou pas, parce que dans notre AirB&B décidément peu chaleureux, un débile paltoquet de bas étage a décidé d’allumer la télé à fond, vers 8h. Un dimanche matin, avec le décalage horaire, la fatigue du voyage et la soirée pas tout à fait sobre de la veille… C’est un peu dur. C’est là qu’on est contents d’avoir les boules Quiès et LE LAMA. Oui, le lama. Le masque de sommeil en forme de lama. Comme ça, là :

LE LAMA

Eh oui, parce qu’au Canada comme apparemment partout en Amérique du Nord, le gens ne connaissent pas le concept – pourtant plutôt sympa – de volets. De stores. De rideaux occulants. Bref, d’un truc qui cache la lumière et te permet de dormir le matin ! Autant dire que pour les 2 semaines suivantes, le lama fût notre meilleur ami du matin. On fait ce qu’on peut !

Au retrait définitif du lama, environ 1h plus tard, on constate qu’il pleut. Qu’à cela ne tienne : orgie de donuts chez Tim Hortons (NB : six donuts pour deux, en plus d’un sandwich à la saucisse et aux œufs, c’est TROP), coffee to go, et zou, direction le Royal Ontario Museum, le ROM. On y va à pied, parce que comme disait mon prof’ de sport de lycée, « on n’est pas en sucre », on ne fond pas sous la pluie et on traverse le quartier de l’université qui vaut vraiment le détour. Il l’est sûrement encore plus quand il fait beau, mais là sous la pluie, il s’en dégage une atmosphère très british, quasiment victorienne et somme toute assez solennelle. Le musée en lui-même est vraiment très beau, un peu à l’image du Museum d’Histoire Naturelle de New-York ou du British Museum à Londres, mais avec une orientation vraiment très asiatique, qui n’est pas commune pour nous, plus habitués à voir des éléments gréco-romains ou éventuellement égyptiens ou phéniciens. Architecture chinoise, Empire Coréen, une expo sur les trésors du Royaume de Jaipur avec en prime des musiciens invités, on en prend plein les mirettes !

Le dino

Statues chinoises

On termine par l’exposition spéciale, interactive et hyper ludique, sur Zuul, une « nouvelle » espèce de dinosaure découverte par une chercheuse de l’Université de Toronto. On sort de là un peu shootés, on finit les donuts un peu écrabouillés que j’avais cachés dans ma poche… et on se prend l’averse du siècle sur le coin de la tronche ! Trempés, on choisit d’aller passer la soirée dans un bar étudiant, pour se faire croire à nous-mêmes qu’on est jeunes, et surtout parce qu’il est décrit comme un des moins chers de la ville. On se régale d’un énorme plat de nachos très piquants (on n’aurait sûrement pas survécu si la serveuse, prévenante, ne nous avait pas posés les piments habaneros à part, à côté de l’assiette et pas dessus), qu’on fait passer avec quelques Molsons, les bières canadiennes. Retour assez tôt à l’appartement, toujours sous la tempête et la pluie. Demain, on quitte Toronto pour Ottawa ! Et on a un rendez-vous important : à la Société Economique de l'Ontario !

Toronto by night