Rendez-vous à la SÉO

Avril 2019

C'est qui c'est quoi ?

On a rendez-vous avec Marion, qui nous accueille très gentiment (un peu comme tout le monde ici en fait). La SÉO n’est pas une société de conseil en immigration, leur spécialité, c’est l’intégration économique et professionnelle des francophones, et ça tombe bien puisque notre questionnement principal, c’est de savoir si je vais pouvoir trouver du boulot dans ma branche. À force de parcourir les forums et les blogs, j’ai souvent eu l’impression que sans première expérience canadienne, c’était pas évident de trouver un job qualifié et que le besoin de main d’œuvre était plus sur des emplois de cuisinier, de serveur, de chauffeur routier, ou alors d’enseignant (mais vade retro euh… pueris, loin de moi les enfants, donc loin de moi l’enseignement). Mais heureusement, la bonne nouvelle c’est que nous, on vient en tant que résidents permanents, et pas comme PVTistes, et apparemment, ça simplifie les choses car les employeurs ont moins peur de nous voir partir en cours de contrat pour cause de fin de PVT, et ils n’auront pas à batailler à coups de paperasse pour nous garder en permis Jeune Professionnel. Donc… Ça veut pas dire que je trouverai de suite, évidemment, mais c’est peut-être moins compliqué qu’il n’y paraît.

Le programme de mentorat

Deuxième bonne nouvelle : la SÉO a un programme d’accompagnement des nouveaux arrivants, en trois volets : coaching, suivi et… subvention à l’entreprise. Autrement dit, quand on arrive, on a une petite formation d’adaptation au milieu professionnel canadien (voire même : Ontarien). Elle concerne le CV, les entretiens d’embauche, et, disons, les bons réflexes à acquérir, la culture du travail au Canada, qui est apparemment très différente de ce qu’on peut connaître en France. Ensuite, un mentorat, à hauteur de 2h par semaine, pour le suivi. Et enfin donc, l’incitation financière pour l’entreprise qui choisit d’embaucher un.e immigré.e francophone. Et ça, c’est un sacré plus ‼ il faut noter, même si on en a moins parlé avec Marion, que la SEO effectue un travail symétrique du côté des entreprises pour les aider à trouver des candidats. Pour en savoir plus sur ce programme et ses volets :

Donc ça c’est une super nouvelle, on n’en avait absolument pas entendu parler, et ce serait sûrement une bonne idée pour la SEO d’en parler plus, lors du salon Destination Canada par exemple.
En ce qui concerne toujours l’intégration économique, Marion nous donne d’autres excellents conseils, que voici, un peu en vrac.

Postuler à l’avance

Pour ce qui est de postuler avant d’être sur place : ça peut être une bonne idée, pour deux raisons. Premièrement, ça permet déjà de jauger la qualité de son CV et la façon dont il est reçu par les employeurs. Si zéro réponse, il faudra peut-être penser à repenser la présentation… Ou se dire qu’on va devoir passer par un job pas dans notre branche en arrivant. Deuxièmement, si le marché du travail canadien est très flexible, et qu’une disponibilité quasi-immédiate est souvent demandée, certains employeurs, et notamment les écoles et universités ont un processus de recrutement plus long. Et pour moi, ce sont des secteurs potentiels. Donc autant s’y mettre tôt. Marion nous conseille de commencer vraiment à prospecter un à deux mois avant l’arrivée prévue. Plus compliqué que ce qu’on pensait, avec l’allongement des délais d’Entrée Express et l’incertitude quant à cette fameuse arrivée prévue, mais bon, il faut faire avec. Important : il faut un téléphone qui permette d’être joignable en France, mais avec un numéro canadien, c’est mieux. Ça permet de dire à l’employeur potentiel qu’on n’est peut-être pas disponible tout de suite (il peut y avoir plein de raisons à ça) sans lui dire qu’on n’est pas, en fait, déjà sur place. Dans la même logique, si on peut avoir une adresse à Toronto, c’est encore mieux. Pour ça on verra, pour l’instant on n’a pas, mais pour le téléphone, la solution passe par le VOIP (Voice over Internet Protocol), c’est-à-dire le téléphone par internet. C’est le principe de Skype, WhatsApp ou Viber par exemple, sauf que ces services ne vous donnent pas un « numéro » canadien. Je vous en dirai plus à ce sujet dès que j’aurais creusé… donc pas tout de suite ! Mais il y a toujours cet article sur Immigrer.com que vous pouvez consulter en attendant.

L’ambiance sur place

A force de lire les posts catastrophés de Lisa sur French With Benefits, je me demandais comment j’allais réussir à m’intégrer dans un milieu de travail qui mise beaucoup sur les compétences interpersonnelles, alors que je sors de l’université française, qui valorise à l’excès les diplômes, les publications, les communications dans les colloques, bref : le pedigree. Tes compétences interpersonnelles, à la fac, elles te permettront peut-être de ne te fâcher avec personne, mais pour ce qui est de bosser efficacement, bof. De toute façon, tu bosses 80% du temps tout seul donc bon… DONC, il ressort de notre entretien avec Marion qu’en Ontario, c’est surtout l’intelligence émotionnelle et communicationnelle qui compte, beaucoup plus qu’une compétence technique ou professionnelle pointue. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir des emails avec plein de fautes d’orthographe, et ça ne choque personne. Moi qui suis une grammar nazi et qui ai la capacité émotionnelle d’un coquetier, c’est cool (non). Bon après, une fois embauché on fait avec, mais il faut savoir que les entretiens vont se jouer sur l’analyse de ces critères-là principalement. Et donc… Qu’il faut s’entraîner. Beaucoup. Et pour ça, on peut utiliser la méthode « STAR », Situation, Tâche, Adaptation, Résultat. Si vous êtes versé.e RH, vous en avez peut-être entendu parler, moi ça ne me disait rien mais je vais m’entraîner. Pour en savoir plus, ce lien décrit plutôt bien la chose.

Des détails qui ont leur importance

Enfin, Marion nous donne quelques détails… Qui n’en seront peut-être pas quand on sera sur place ! Premièrement, Toronto n’est pas représentative du Canada, ni même de l’Ontario. C’est une ville d’immigrants, donc avec beaucoup de gens qui ne sont pas forcément encore habitués aui mode de vie local, et notamment au froid. D’après elle, c’est donc une ville qui hiberne plus que Montréal ou Québec, par exemple, puisqu’une partie des habitants ne sont pas habitués au froid (eh oui). Elle nous dit aussi qu’on peut considérer la ville comme un panier de crabes, avec beaucoup beaucoup de nouveaux arrivants qui cherchent leur place, et donc qu’en termes de boulot, on peut avoir de bien meilleures opportunités ailleurs en Ontario, surtout quand on est francophone. Bon à savoir : il y a des antennes de la SEO ailleurs qu’à Toronto. Et enfin, il n’est pas rare que les gens aient deux emplois à mi-temps ici, parce que la ville est chère… et les temps-pleins aussi ! Il faut donc se préparer psychologiquement, au cas où.

Voilà donc 1h30 vite passée ! Très franchement, cet entretien m’a pas mal rassurée par rapport au fait de trouver du taff dans ma branche… tout en me rappelant que ce n’était pas forcément joué. Ça donne de la confiance (le programme de mentorat, c’est quand même top et ce serait dommage de ne pas savoir qu’il existe), tout en permettant aussi d’anticiper sur d’éventuels plans B et de ne pas arriver avec un sourire béat en s’attendant à ce que tout soit facile. Conclusion : si vous venez en Ontario et que vous êtes francophone, prenez absolument contact avec eux ‼ Et donc pour rappel : c’est là que ça se passe !