"Landing": notre arrivée à Toronto

1er juillet 2020

Note : Ici, c’est la partie « Journal », sous forme de blog. Si vous n’avez pas de temps à perdre à lire mes élucubrations, vous pouvez aller directement au condensé des infos pratiques ici

Sans plus attendre : on y est arrivé ! Après presque deux ans de procédure, de rebondissements, de prises de têtes, de virus mondial et autres joyeusetés, nous voilà enfin résidents permanents du Canada, installés à Toronto ! Voilà comment s'est passé notre journée d'arrivée, notre landing en anglo-groupefacebook. Trois étapes nous préoccupaient particulièrement : la quantité de bagages, la prise de température avant d'embarquer et puis bien sûr l'arrivée, l'immigration, la douane, tout ça. Je partais du principe qu'une fois qu'on aurait passé ça, même si on devait suer comme des boeufs parce que pas de taxi, payer 200 balles un Uber, finir à l'hôtel parce que Grégoire aurait été une personne imaginaire, peu importe, on serait sur le sol canadien en tant résidents permanents.

Le grand départ !

Comment faire passer 115 kg de bagages avec le sourire

La journée d'hier a été consacrée à faire et refaire nos bagages en les pesant toutes les 3 minutes. Au final, voilà ce que vous avons :

  • Trois grosses valises de plus ou moins 23 kg. Au bout de la 10ème tentative, j'ai laissé tombé et je me suis dit qu'on compterait sur notre bonne étoile, notre dieu-totem loutre, la gentillesse du personnel, n'importe quoi mais qu'on allait pas nous emm..quiquiner pour 500 g de trop.
  • Deux grosses valises censées passer avec nous, mais qui dépassent allègrement les 10 kg max des bagages cabine.
  • Deux gros (c'est récurrent, oui) sac à dos bien remplis avec tous les bidules électroniques et bien sûr l'enveloppe qui contient nos confirmations de RP
  • Une guitare
Mon angoisse à moi réside dans l'excédent de poids, celle de Mathieu dans le fait de passer sa guitare en cabine. Tous les gens qu'on connaît qui ont pris l'avion avec une guitare nous ont assuré qu'ils n'avaient jamais eu de problème, mais bon, va savoir. On arrive quand même à se détendre et passer une bonne soirée avec les parents. On rigole bien, on arrose bien le repas aussi, histoire d'éviter l'insomnie* et on est au lit vers minuit.

* Ça nous a pas empêché de nous réveiller chacun de notre côté pendant environ une heure mais franchement ç'aurait pu être pire.

L'aéroport de Bordeaux complètement vide

Départ pour l'aéroport à 9h, arrivée à 10h, on a 1h40 avant l'embarquement, on est large pour enregistrer les bagages. L'aéroport est complètement désert, c'est hyper étrange. Pas désagréable quand on n'aime pas la foule mais un peu perturbant, il faut bien l'avouer. Du coup, on se retrouve très vite au moment de vérité : l'enregistrement des bagages (tatatiiiiiiin).

tous nos bagages

Première valise... 22,9. Deuxième... 23 pile. Troisièèèème... 23,5. Aïe. Je suis en train de penser à des chatons morts pour pleurer mais l'hôtesse dit "Oh pff, c'est bon". YEAAAaaa... Quoi ? Voir nos bagages cabine ? Mais... Pourquoi ?! Bon... On traîne notre barda. Une valise va partir en soute gratuitement (pas de problème, prenez tout) et pour le reste c'est bon. C'est un énorme poids en moins (c'est le cas de le dire) pour moi, Mathieu stresse encore pour sa guitare mais a priori ce sera bon puisqu'elle ne nous a rien dit. On peut donc faire nos adieux, qui sont un peu larmoyants mais pas trop. Puis de passer au contrôle de sécurité. Je ne suis jamais passée aussi vite : sur notre horaire de midi, il n'y a qu'un seul vol, le nôtre, autant dire qu'il n'y a personne et que les agents sont assez détendus.

L'embarquement pour Toronto

Vol pour Amsterdam OK, la guitare est gentiment attachée sur un siège libre derrière nous. L'aéroport d'Amsterdam est un peu plus vivant que celui de Bordeaux mais pas plus rempli. On se dirige vers notre porte d'embarquement pour Toronto et c'est le deuxième moment de vérité : la vérification de notre état de santé. Évidemment, on n'avait pas de symptôme ni de fièvre, on n'a jamais eu ne serait-ce qu'une suspicion de symptôme, mais bon... Il peut suffire d'une rage de dents ou d'une infection urinaire pour faire pousser la fièvre et se faire refuser l'embarquement, sans que ça n'ait rien à voir avec le virus. Au passage d'ailleurs, on pourrait aussi tout à fait être porteurs sains, mais bon... On se pointe à la porte indiquée et on trouve une petite installation signalée "health check". Il faut remplir un formulaire (avez-vous de la fièvre ? Avez-vous du mal à respirer ? Avez-vous été en contact avec quelqu'un atteint de symptômes ? etc.) et une fois que c'est fait, passer au contrôle de la température. C'est assez drôle, on voit tout le monde enlever son pull, s'aérer un peu, comme si avoir couru le long d'un terminal avec un sac à dos faisait monter la température. Assez drôle, mais on essaye quand même d'avoir un air dégagé en passant au thermomètre. Tout va bien, on est tous les deux en-dessous de 38°C, notre petit formulaire est donc tamponné et on peut se diriger vers la bonne porte d'embarquement.

KLM nous a envoyé un gentil mail pour prévenir qu'en raison de la Covid, les passagers en classe Éco n'auraient pas de repas, juste des "biscuits and snacks". Je ne sais pas ce que désigne "snacks" mais hors de question de ne manger qu'un mini sandwich au gouda pendant les 9 prochaines heures ! Il nous reste dix minutes avant l'embarquement, je remonte tout le terminal en sens inverse pour aller choper deux sandwiches qu'on avale à fond la caisse. En fait, on aurait eu largement le temps d'en manger deux ou trois, et sans se presser en plus, vu que l'embarquement tourne au chaos.
Il y a 1/ des tas d'enfants en poussette ; 2/ des tas de gens en fauteuil roulant, enfin les chaises roulantes de l'aéroport ; 3/ des vérifications sur le statut de voyageurs, vu que les frontières du Canada sont toujours plus ou moins fermées et 4/ des tas de gens qui n'écoutent absolument rien. Le speaker a beau faire des appels désespérés pour répéter que seuls les familles avec enfants sont appelées, puis les personnes ayant besoin d'assistance, etc., un groupe de personnes semble décider à embarquer en premier coûte que coûte.Nous on s'en fiche, on est assis, la dame au thermomètre a dit qu'on n'avait pas de température alors... On embarquera bien à un moment. On finit par faire la queue. Un contrôleur nous demande quel est notre statut et demande à voir nos confirmations de RP puis nous laisse passer. Nous voilà dans l'avion, avec par chance une place assise libre pour la guitare sur notre rangée. Nous sommes donc libres d'inspecter le contenu du petit sac à snacks. Eh bien c'est une déception. Si vous volez avec KLM, tant qu'ils n'ont pas résolu ce problème, sachez que si vous ne mangez pas avant ou n'apportez pas votre propre sandwich, vous allez avoir faim ! Voilà, c'était l'instant goinfre.

L'arrivée à Toronto Pearson

Le reste du vol se passe bien. Au moment de quitter l'avion, c'est le même sketch qu'à l'embarquement sauf que... Les gens qui étaient en chaise roulante au moment d'embarquer peuvent désormais marcher sur leur deux jambes ! Miracle ! Ou alors c'est parce que l'agent de l'aéroport a dit que les fauteuils passeraient en dernier... Pas facile à dire !

La frontière et l'immigration

On trace pour dépasser les chaises roulantes et aussi parce qu'on a un peu envie d'arriver. Première étape : déclaration sur les bornes automatiques. C'est une déclaration habituelle d'entrée dans un pays : amenez-vous des marchandises qui doivent être déclarées ? Avez-vous un titre de séjour ou de voyage valable ? Apportez-vous plus de 10,000 CAD ? Ce genre de trucs. On est également pris en photo par la machine, qui nous délivre un reçu. Ensuite, on passe à la police des frontières, qui nous demande si on eu des symptômes du virus (non), si on ressent quelque chose de spécial (non, à part de l'excitation d'être enfin là) et qui nous oriente vers l'immigration. Là, l'agent nous demande évidemment nos passeports et nos confirmations de résidence permanente. Il nous les fait signer, nous demande notre adresse postale où envoyer les cartes de RP, qui seront prêtes dans 3 ou 4 mois et puis... voilà. Fini. On ne nous a pas de demandé de preuve de fonds. Nous voilà résidents permanents ! Le type avait l'air de s'ennuyer ferme - peut-être que ses copains étaient à la plage pour Canada Day sans lui ? et n'était pas hyper aimable mais bon, ça y est, c'est fait !

La douane

Dernière étape : la douane. Il faut en effet qu'on déclare les affaires qui doivent arriver par container, même si c'est dans plusieurs mois. À ce moment-là moi j'étale plus rien, et en plus je ne me suis absolument pas occupée de tout ça. Heureusement, Mathieu a encore des neurones et en plus il avait pris le temps de faire un beau tableau Excel avec toutes nos affaires et leur valeur. En plus de ça, la douanière parle français et elle est hyper gentille. Bon et puis, comme partout depuis ce matin, y'a pas un chat*. Nous voilà assis par terre à recopier le tableau en convertissant les euros en dollars canadiens.

remplir le formulaire de douane

Je ne l'avais vu écrit nulle part, faut dire que beaucoup de gens arrivent juste avec leurs valises, même pour émigrer, mais sachez-le : même si vos affaires arrivent longtemps après vous, vous devez les déclarer en arrivant (et pas juste le contenu, la valeur aussi !) alors... Soyez préparés. L'entreprise de déménagement nous l'avait sûrement dit en février, quand on devait partir en mars, mais quand on les a eu par mail et au téléphone ces dernières semaines, ils ne l'ont pas du tout mentionné. Ils étaient débordés et on a changé trois fois de référent mais quand même... Une fois cette dernière suée passée, on papote un peu avec la douanière... qui est d'origine périgourdine, dans un bled qu'on connaît ! Trop contente de rencontrer des gens qui connaissent son coin, elle nous accompagne jusqu'à la sortie.

* Si, d'ailleurs, il y a une dame qui vient déclarer son chat à la douane.

Et nous voilà dehors ! On prend le premier taxi qui passe, on est tellement chargés qu'on a cessé d'envisager les transports en commun depuis un moment. La voie expresse est totalement vide... C'est la Fête Nationale aujourd'hui ! Visualisez le périph parisien le 14 juillet... Voilà. En 25 minutes, le taxi nous dépose en bas de l'immeuble, où Grégoire vient vite nous accueillir (et nous aider à monter nos bagages, aussi). Et nous voilà chez nous ! Tellement chez nous qu'on va y rester isolés pendant 14 jours... Et vous savez quoi ? On avait rempli tout un tas de petits formulaires sur l'application ArriveCAN et... personne ne nous a jamais demandé de les montrer ! On a fait tout ça pour rien !

Nous avons commencé à réfléchir à l'immigration pendant l'été 2018 et entamé les démarches par le passage du test TEF en novembre 2018. Nous avons fait notre voyage exploratoire en avril 2019 et sommes tombés amoureux de Toronto en même pas trois jours. Nous avons déposé notre candidature Entrée Express en juin 2019, notre dossier complet en août et avons reçu nos confirmations de résidence permanente en novembre 2019. Notre départ en mars 2020 a été reporté mais ça y est, c'est fait, le but est atteint. C'est le départ de notre nouvelle vie ! Et donc on va se coucher, parce qu'il est l'équivalent de 5h du matin en France :-D

vue de Toronto la nuit